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samedi 10 novembre 2012

ABISSA 2012: j'y suis allé, j'ai vu, j'ai aimé! Mon compte rendu

Samedi 03 novembre 2012, il est 13h 15. Je prends place, avec mon compagnon de route Frantz Calliste, dans un car 80 places en partance pour Grand-Bassam. Déjà dans le car, on sent une certaine ferveur : c’est déjà l’effet Abissa ou juste l’effet Grand-Bassam (ville balnéaire, première capitale de la Côte d’Ivoire et récemment classée au patrimoine mondial de l’UNESCO) ?  Une chose est sûre, en ce jour ensoleillé qui plus est, premier samedi du mois, il y a bien mille et unes bonnes raisons de se rendre à Grand-Bassam !

Après 1h de route et quelques embouteillages, nous sommes à Grand-Bassam. Le temps du trajet qui nous conduit de la gare au quartier Dialogue (avant le petit marché) où habitent nos hôtes et du dit quartier à la place de l’Abissa (au Quartier France), nous nous rendons vite compte de l’euphorie collective qui gagne la ville.

Chauffeur de Taxi en mode Abissa

Frantz Calliste et une Bassamoise en partance pour le quartier France

16h: nous arrivons à l’entrée du quartier France avec nos hôtes comme guide. Un cordon de sécurité est déployé autour du quartier rendant toute circulation impossible pour les véhicules. Nous devons faire le reste du chemin à pied ! Tant mieux, on n’en sera que plus vite plongé dans l’évènement.

Première impression : l’Abissa est une fête vraiment ouverte à tous

Arpentant les rues du quartier, nous pouvons constater l’affluence et la diversité des personnes venues assister à l’évènement.



   
Aussi, si dans la plupart des fêtes traditionnelles, le maquillage de kaolin, de par sa portée rituelle et spirituelle, est réservé aux principaux acteurs de la fête (danseurs, voyants, membres des générations ou des familles données), à l’Abissa le visiteur d’un jour est-il invité à se fondre dans la masse : moyennant une pièce (peu importe le montant, c’est le geste qui compte) vous ferez l’objet d’une séance de maquillage en bonne et due forme !



Danseuse se préparant pour la procession royale
Un Gbailleur maquillé mais serein!


La singularité des rites et des coutumes

Autant le visiteur est  invité à se fondre dans la masse, autant est il invité à respecter certains aspects de la coutume.  En effet, après notre promenade, nous décidons de nous rendre au cœur de l’évènement : la place Abissa.
Au terme du rang imposé pour accéder à la dite place, on nous invite vivement à nous délester de nos chaussures avant d’y pénétrer. Nous obtempérons gentiment : ne dit-on pas que lorsque les habitants d’un village marchent sur la tête, il faut en faire de même !
L’un des rituels les plus marquants de cette fête fut certainement la critique sociale. En effet pendant que d’un côté, le peuple dans un tourbillon frénétique danse au son de l’Edo n’gbolè (le tambour sacré), les porte-parole des 7 familles constituant le grand peuple N’zima adresse les récriminations et éventuels satisfecit de ces derniers au roi et à sa cour.  



Notons également que jusqu’à ce que le tambour sacré s’arrête de tonner,  aucune autre source de musique n’est tolérée dans le village (entendez dans le quartier France). Quelle pourrait  en être la sanction ? Je vous laisse volontier faire votre expérience ! En tout cas, les tenanciers des maquis montés pour la circonstance observent la prescription de façon méticuleuse.  

Abissa : on s’amuse pas un peu !!!

Suite notre incursion sur la place Abissa pour le volet traditionnel de la fête,  nous nous posons au maquis « espoir » pour aborder la partie « off » de l’évènement, il est 17h. Il faut dire qu’il s’agit de maquis montés expressément ou de maquis plus connus dans la ville délocalisés pour l’occasion dans le village sous des bâches en vue d’accueillir les visiteurs et certainement générer des revenus pour le village.  
Là, pendant que nous nous restaurons et nous rafraîchissons, se déroule un spectacle peu orthodoxe : celui des travestis. Ces derniers, tous aussi drôles les uns que les autres, dans une parade quasi carnavalesque et conviviale, n’hésitent pas, à plaisanter avec les visiteurs.


Cet homme...pardon cette femme enceinte cherche le metteur enceinte pour  payer les consultations pré-natales! Notez son carnet de santé en main 

Cette mariée elle a été lâchée par son dulcinée qui l'a trouvait certainement un peu trop baraquée dans sa splendide robe! 
                                     
 L’ambiance est tellement captivante que l’on ne se rend compte ni du temps qui passe, ni de l’absence de musique (car rappelons-le, pas de musique quand joue l’Edo N’gbolè !).


L’Abissa By night

21h : les cérémonies traditionnelles prennent fin, commence alors un autre Abissa, «l’Abissa By Night »!
Il faut dire que L’Abissa c’est aussi et surtout le nouvel an N’zima, Il règne donc dans le village une atmosphère digne des artères les plus chaudes de notre capitale économique. On se rend compte que les danseurs d’Abissa sont aussi calés dans les rythmes en vogues du moment (Kpankaka, Bouka bouéni, Nongon Nongon etc…) !




Mention spéciale au professeur Awolowo qui par son œuvre éclectique, a offert aux profanes que nous étions (les étrangers à la culture N’zima), les clés pour vibrer au même diapason que les populations locales. Ses morceaux cultes comme "Vis à Vis" ou plus récents comme "Rouler Moutou" ou "Couvre Feu" (de son dernier album M23) sont repris en chœur dans tout le village, élargissant la communion des N’zima à tout le microcosme social réunit pour les festivités. 

3h du matin : après une longue nuit de fête, nous rentrons sur notre base pour compter les derniers moutons de la nuit finissante. On nous informe qu’à 4h, se déroulera une procession en fanfare dans le village. Un autre spectacle pittoresque à voir. Mais autant les batteries de nos téléphones et de notre appareil photo numérique sont à plat depuis plusieurs heures maintenant, autant sommes-nous épuisés : la fanfare de 4h se fera sans nous !

Dimanche matin 9h, le réveil a été tardif. Suite au petit déjeuner royal qui nous a été offert (3 vrais poissons sols frits accompagnés d’attiekey et d’un piment à vous couper le souffle), une causerie s’engage avec nos hôtes sur les moments forts de notre séjour.

13h: c’est des souvenirs plein la tête que nous décidons de prendre congé de notre fameux hôte, Monsieur Kpokpa et de sa famille (car c’est d’eux qu’il s’agit),  pour éviter de tomber dans l’embouteillage monstre qui caractérise les fins d’Abissa nous a-t’on prévenu.

Ainsi pris fin notre Abissa. Conscients que nous n’eûmes l’opportunité de découvrir qu’une infime partie d’une culture qui a su préserver ses valeurs et ses rites tout en s’adaptant à l’air du temps, nous prîmes rendez-vous pour l’année prochaine, si Dieu le veut, pour plus d'émotions  et encore plus de souvenirs, en espérant que vous serez du déplacement!

je veux finir ce compte rendu avec cette vidéo du magnifique paysage des plages de Grand-Bassam filmée dans le car lors du retour sur Abidjan, avec toujours en fond sonore du Meiway... décidément!



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